Ce qu'il y a de personnel dans ma pratique de l'hypnothérapie
Dans ce texte, je réponds à cette question : « Quelle touche personnelle mettez-vous dans votre pratique ? » Cette question m'était posée lors de mon parcours universitaire en psychologie clinique (Paris 8).
Article de Jean Touati, hypnothérapeute
Mai 2011
faire danser le monde »
Friedrich Wilhlem Nietzsche
Au fil des années, ma pratique de l'hypnothérapie auprès de nombreux patients m’a amené à singulariser mon approche. Ma pratique thérapeutique se réfère à l'hypnose Ericksonienne et intègre des méthodes et modèles des TCC — Thérapies Comportementales et Cognitives —, de la PNL — Programmation Neuro-linguistique — et des thérapies brèves stratégiques.
Je dirais que ce qui est perçu comme vraiment personnel par les patients, c’est tout d’abord une capacité à saisir très vite chaque patient dans sa singularité et à entrer en relation étroite avec lui dès les premiers instants de notre rencontre et ceci, qu’il s’agisse d’un enfant, d’un homme, d’une femme, d’une personne âgée, d’un cadre dirigeant. J’aime passer d’un univers à l’autre, en traitant différents types de troubles ou difficultés ; il est amusant de se voir un matin, en entreprise, avec un dirigeant et l’après-midi à « jouer » assis sur le tapis avec un enfant de six ans.
Ce qui ensuite surprend souvent agréablement les patients — surtout ceux ayant déjà eu un parcours thérapeutique — c’est cette « relation authentique » dans laquelle je les emmène ; il s’agit d’une relation où le thérapeute ne se cache pas derrière son savoir ou son rôle, où il explique son approche et répond aux questions, où il se présente dans toute son humanité avec sa part de fragilité, où il livre sciemment une part de lui-même, de son vécu, et où l’humour, le rire, le « jeu » (Winnicott, 1975) sont toujours présents. Cette relation vécue avec une grande liberté, donne au patient un sentiment d’intimité voire de complicité avec le thérapeute qui, conjugués aux effets du travail en hypnose, mais aussi à sa symbolique, conduit à des évolutions souvent très rapides.
Je fais des séances assez longues, d’1h30, ce qui favorise la rapidité du traitement (souvent entre 3 à 7 séances) et le développement de cette relation particulière qui, avant tout, fait la thérapie et sans laquelle l’hypnose ne pourrait rester qu’une « technique ».
J’ai retrouvé cette posture qui m’était assez intuitive dans les écrits anciens de Sandor Ferenczi (1920-1932) et récemment chez Irvin Yalom (2008) dans son approche qu’il nomme « thérapie existentielle 1 »
D’autre part, je ressens que l’hypnose m’est naturelle, je m’imprègne de la personne, de sa personnalité, de sa souffrance, de son histoire pour entrer dans son monde et, en hypnose, l’amener au travers d’un discours nourri de métaphores, d’aphorismes, de contes, de poésies, de philosophie, de musiques à ouvrir des voies de libération. Je m’inspire aussi d’histoires de patients, de mon propre vécu qui, tous deux, mettent en résonance la propre histoire du patient en l’amenant très vite à s’ouvrir à la relation. J’utilise beaucoup la musique, lors de la transe hypnotique, pour soutenir mon discours en renforçant le vécu émotionnel ; jazz, blues, classique, pop-rock anglo-saxon, je joue aussi de la guitare, je chante également parfois (les patients aussi). Robert Schumann nous disait : « La musique parle le langage général qui agite l’âme de façon libre et indéterminée. » C’est un aspect intuitif de mon travail que je commence à explorer plus avant d’un point de vue théorique.
L'approche existentielle met l'accent sur le conflit — et l'angoisse qui en découle — qui survient lors de la confrontation de l'individu aux fondamentaux de l'existence. Elle articule ces fondamentaux de l'existence selon quatre « enjeux ultimes » : la mort, la liberté, l'isolement fondamental et l'absence de sens. Le futur, qui s'actualise dans le présent, constitue la modalité principale de la thérapie existentielle. Elle s'oppose en cela radicalement à la vision freudienne où l'individu serait mû par des mécanismes de défenses venant contrer le conflit et l'angoisse liés à des besoins pulsionnels, et où les conflits les plus profonds, que la thérapie se devra d'excaver, sont aussi les plus précoces.
Une autre différence majeure avec la psychanalyse est cette relation authentique au patient que j'ai décrite brièvement ci-avant. Les bienfaits de cette relation authentique, en opposition à la « neutralité bienveillante », canon de la posture psychanalytique et par extension de celle attendue, plus généralement, du psychologue et du psychothérapeute, se retrouvent en filigrane de tous les romans d'Irvin Yalom.
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bibliographie
FERENCZI, S. (2006). Le traumatisme. Paris : Petite bibliothèque Payot. 1ère édition (1920 -1932)
WINNICOTT, D.W. (1975). Jeu et réalité. L'espace potentiel. Paris : Ed. Gallimard. Col. Folio essais
YALOM, I. (2008). Thérapie existentielle. Paris : Galaade
Autres textes
Jean Touati : Biographie
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Jean Touati
Hypnothérapeute