Anorexie mentale et hypnothérapie
Trouble du comportement alimentaire — TCA
Article de Jean Touati, hypnothérapeute
Septembre 2009
L’anorexie mentale, trouble du comportement alimentaire, touche 1 à 2 % des femmes. Cette maladie survient essentiellement chez les jeunes filles entre 12 et 20 ans. Elle peut cependant apparaître dès l’âge de 9 ou 10 ans et aussi perdurer à l'âge adulte. Les garçons sont moins touchés (9 anorexiques sur 10 sont des filles).
L’anorexie mentale se traduit par une obsession de la perte de poids entraînant de fortes restrictions alimentaires.
Il est retenu comme critère de diagnostic une perte de poids provoquée d'environ 25% du poids corporel antérieur ou un poids normal jamais atteint (inférieur de 15% à la normale). Il faudra bien sûr écarter toutes affections médicales pouvant entraîner une perte importante de poids.
La jeune fille réduit drastiquement son alimentation, évitant scrupuleusement tout aliment pouvant « faire grossir ». Parfois, ne supportant plus le regard d'autrui sur son comportement alimentaire, elle ne partage plus de repas avec ses proches. Cette course à la perte de poids peut entraîner d’autres comportements : vomissements provoqués, usage de laxatifs, de coupe-faim et de diurétiques,…
Malgré un état de dénutrition, la jeune fille manifeste souvent une grande activité physique — elle fait même de l'exercice physique pour brûler des calories — et intellectuelle, un refus de la fatigue, un certain état d'excitation, soutenues par la peur de grossir mais aussi, par le sentiment de « victoire » sur le corps. D’autres troubles, d’ordre psychologique, peuvent survenir : anxiété, dépression, troubles obsessionnels, repli sur soi, dépendances aux drogues ou à l’alcool et même des tendances suicidaires.
La jeune fille souffrant d'anorexie a certes des problèmes avec la nourriture mais elle en a surtout avec son corps dont elle a une perception perturbée. Elle perd tout intérêt pour la sexualité et semble exprimer plus ou moins inconsciemment : « moins de corps et plus d'esprit ». La sérénité qu'affiche l'adolescente anorexique est toujours frappante. Elle mène un véritable combat pour faire diminuer ce corps qui prend trop de place et qu'elle peut perçoir comme une menace.
Il faut cependant se méfier d'un diagnostic hâtif car beaucoup d’adolescentes peuvent avoir des comportements alimentaires aberrants qui disparaissent aussi vite qu’ils sont apparus. L’anorexie est à craindre lorsque le trouble devient chronique et porte sur un grand nombre de repas.
Sur le plan physique, cette maladie se traduit par une perte de poids extrême pouvant atteindre jusqu’à 50% du poids normal. La privation alimentaire va évidement avoir des conséquences sur l’organisme : insomnies, chutes des cheveux, fatigue permanente, sensation de froid, pertes de mémoire, aménorrhée (disparition des règles)...
Plus les privations sont intenses, plus les conséquences sont importantes : décalcification, ostéoporose, malaises, chutes de tension... Ces dérèglements peuvent, à terme, menacer la vie de la personne.
Quelles peuvent être les causes de l'anorexie mentale ?
Les causes sont encore mal identifiées, elles semblent complexes et sont controversées. Certains avancent des facteurs d’ordre métabolique (troubles endocriniens) ou génétique. D’autres pensent que les facteurs psychologiques et relationnelles, notamment au sein de la famille, sont déterminants, mais aussi les facteurs socioculturels ; c'est en effet dans les sociétés industrialisées que la prévalence des troubles des conduites alimentaires apparaît, de loin, la plus élevée, sociétés dans lesquelles la nourriture est présente en abondance et où prévaut l'idée que, pour être séduisant, il faut être mince, en particulier quand on est une femme.
Le point de départ peut être un simple régime amaigrissant, une remarque désobligeante, un deuil ou un problème scolaire. Le manque de repères, des relations familiales difficiles, la crise d’adolescence, les changements physiques dus à la puberté sont souvent cités comme favorisant l’apparition de l’anorexie.
Certaines similitudes se retrouvent d'une famille à l'autre. L'approche psychanalytique a cherché à qualifier la psychopathologie des parents pris individuellement : la mère serait fréquemment déprimée, vulnérable et peu sûre d'elle. Elle masquerait ses sentiments de faiblesse et de dévalorisation derrière des comportements autoritaires, dominateurs et rigides, et sa crainte des débordements émotionnels derrière une froideur apparente et l'évitement de sentiments tendres et positifs. Le père, quant à lui, serait décrit comme absent, effacé, occupé à assurer son image narcissique, exclu des relations privilégiées entretenues entre la mère et l'enfant. Pourtant, il montre souvent une plus grande fragilité que la mère, centrée sur des troubles de l'identité et de l'image de soi, le plus souvent en rapport avec l'importance de son identification féminine. Dans ce contexte familial l'enfant ne serait pas investi pour lui-même mais pour ce qu'il devrait être pour satisfaire les exigences narcissiques des parents. L'absence de prise en compte et a fortiori de valorisation de ses besoins propres, conduirait à une défaillance dans l'identité corporelle de l'enfant, avec des troubles de la reconnaissance de ses fonctions propres et des difficultés à acquérir son autonomie.
Aussi, l’adolescente chercherait, par des privations alimentaires, à reconquérir son autonomie : elle tenterait ainsi de transférer sa dépendance vis-à-vis de ses proches, surtout de sa mère, vers la nourriture. L’abstinence serait alors une marque d’autonomie. L’anorexie mentale, par sa nature autodestructrice, permettrait à l’adolescente de prouver le contrôle qu’elle a de son corps.
Cette pathologie peut, de plus, masquer un manque de confiance en soi ou une tendance à la dévalorisation. Les adolescentes anorexiques ont souvent un profil typique : élèves sans problèmes, elles recherchent les efforts soutenus tant intellectuels que physiques. Elles sont hyperactives et se dépensent sans compter pour éviter de grossir. Elles poursuivent leurs activités normalement, mais évitent les relations et les conflits, surtout au sein de la famille.
Bibliographie
BRUCH H. Les yeux et le ventre. L’obèse, l’anorexique. Paris : Payot, 1975.
BRUCH H. Conversations avec des anorexiques. Paris : Payot, 1990.
DSM-IV-TR Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux. Paris : Masson, 2000
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